Rencontrez l'ambassadeur - la Cote d'Ivoire
'On ressent partout l’énergie et la convivialité des Ivoiriens'
Jeroen Kelderhuis est ambassadeur des Pays-Bas en Côte d’Ivoire. Les Pays-Bas veulent contribuer au développement de l’horticulture et du commerce durable et équitable dans le pays. Pendant son temps libre, Jeroen aime s’imprégner de l’ambiance dynamique d’Abidjan. 'Musique, danse ou comédie : on a tous les soirs l’embarras du choix'.
Vous êtes ambassadeur en Côte d’Ivoire depuis 2023. Qu’est-ce qui vous a immédiatement marqué à votre arrivée ? Et comment voyez-vous les choses aujourd’hui ?
Je suis arrivé à Abidjan le 14 août de l’année dernière. Une toute nouvelle aventure m’attendait après La Haye, Belgrade, Téhéran, Bujumbura, Tunis, Erbil, Ankara et Juba. À chaque affectation et malgré les années d’expérience, il faut repartir de zéro. Dans cette fonction, capacité d’adaptation et flexibilité restent les maîtres mots. Ce que j’aime quand j’arrive dans un pays totalement inconnu, ce sont les nouvelles rencontres et la découverte d’autres cultures et coutumes. Dans un poste comme celui-ci, chaque jour apporte son lot de surprises et d’aventures.
J’ai tout de suite été marqué par la chaleur, du climat bien sûr, mais aussi des habitants. Abidjan est une ville moderne qui aurait bien besoin d’un coup de pinceau mais dans ce climat humide, tout se défraîchit très vite. Le pays investit largement dans l’infrastructure (routes, viaducs, ponts), la classe moyenne garantit la pérennité des nombreux lieux de divertissement et en même temps, la pauvreté est encore très présente. Mais on ressent partout l’énergie, l’optimisme et la convivialité des Ivoiriens. On se sent toujours bien accueilli. Ici, on dit « Akwaba » pour souhaiter la bienvenue. Les Ivoiriens ont encore récemment montré leur grande ouverture d’esprit et leur sens de l’hospitalité à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations : quelle euphorie lors de leur victoire et quel afflux de réactions positives des pays voisins et du monde entier.
Quelle est selon vous votre plus importante tâche en tant qu’ambassadeur ?
Être visible et comprendre ce qui se passe dans le pays. S’assurer, avec son équipe, de connaître les enjeux et les besoins de la Côte d’Ivoire pour ensuite les mettre en lien avec les connaissances et le savoir-faire néerlandais. Élargir son réseau, lancer des initiatives et ouvrir des portes aux entreprises et organisations néerlandaises. Et communiquer à ce sujet tant en Côte d’Ivoire qu’aux Pays-Bas.
Quels sont les sujets les plus importants sur lesquels l’ambassade travaille ? Pouvez-vous nous parler de quelques projets concrets ?
Nos efforts portent essentiellement sur l’aide au développement et le commerce. Principalement dans les secteurs du cacao et de l’horticulture. En donnant la priorité aux jeunes et aux femmes. Les Pays-Bas sont le principal importateur de cacao de Côte d’Ivoire. Forts de leurs connaissances étendues en la matière, ils ont beaucoup à apporter dans le domaine de l’horticulture. Grâce au soutien de l’Agence néerlandaise pour les entreprises (RVO), du Centre de promotion des importations en provenance des pays en développement (CBI), de la Banque néerlandaise de développement entrepreneurial (FMO) et d’Invest International, nous pouvons mettre sur pied des programmes concrets, bénéfiques pour nos deux pays.
Ce que j’apprécie dans cette démarche, c’est notre engagement pour un développement et un commerce plus durables et plus équitables au sein de ces secteurs. À travers plusieurs projets pilotes, nous montrons comment les connaissances et le savoir-faire néerlandais peuvent aider à augmenter les récoltes. Nous allons bientôt ouvrir une usine qui produit des boissons à base des déchets de cacao.
Mais le commerce et les investissements ne peuvent fleurir que dans un environnement sûr. C’est pourquoi les Pays-Bas participent à la lutte contre le terrorisme à travers des projets concrets comme l’ouverture d’un centre de formation pour les institutions de sécurité. Lors de sa visite en janvier, Kajsa Ollongren, ministre démissionnaire de la Défense, a annoncé la prolongation de la contribution néerlandaise pour les années à venir, pour permettre aux militaires africains de s’entraîner ensemble. Avec son homologue ivoirien, elle a signé une déclaration d’intention visant à renforcer la coopération dans le domaine de la sécurité. J’ai ensuite moi-même signé avec mon homologue américain un contrat visant à contribuer à l’amélioration des relations civilo-militaires dans le nord du pays. En Côte d’Ivoire, nous œuvrons donc en faveur de l’aide au développement, du commerce et de la sécurité.
Comment vous détendez-vous après le travail?
Il est facile de nouer des amitiés à Abidjan. J’aime aller me balader, par exemple sur les magnifiques plages de la côte, avec des amis qui ne font pas forcément partie du monde diplomatique. Musique, danse, théâtre, comédie : on a tous les soirs l’embarras du choix en termes d’activités culturelles. Ça bouge beaucoup aussi du côté artistique : je ne me lasse pas des nombreuses galeries présentes dans la ville. On peut y rencontrer des gens de milieux plus divers que pendant une réception formelle.
J’ai récemment inauguré une école de danse dans un quartier défavorisé de banlieue. C’est formidable de voir comment on peut créer quelque chose de révolutionnaire avec peu de moyens dans cet environnement. Après une tournée réussie aux Pays-Bas, les danseurs avaient réuni suffisamment d’argent pour construire eux-mêmes cette école. Ce genre de projets me motive énormément.
Ce travail, c’est du sport de haut niveau. Je ne suis pas un grand sportif mais j’ai pris un coach avec qui je m’entraîne trois fois par semaine, décision que je ne regrette absolument pas. Chaque vendredi après-midi, le coach se rend même à l’ambassade pour entraîner toute l’équipe, ce qui nous permet de finir la semaine sur une note plus détendue.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir?
Avec l’équipe, j’espère arriver à faire connaître davantage les Pays-Bas en Côte d’Ivoire et leur donner le statut de partenaire privilégié. Nous ferons de nombreux déplacements au cours des prochaines années dans le cadre de notre tournée promotionnelle « La caravane des Pays-Bas en Côte d’Ivoire ». Nous avons déjà reçu beaucoup de réactions positives d’entreprises et organisations néerlandaises qui souhaitent promouvoir leurs produits et services dans tout le pays. Je me réjouis de cette tournée car bien entendu la Côte d’Ivoire ne se résume pas à Abidjan.
Parmi tout ce que l’ambassade a accompli ces dernières années, de quoi êtes-vous le plus fier?
L’année dernière lors d’un important salon de l’agriculture où notre pays était invité d’honneur, l’ambassade a réussi, avec une très petite équipe, à donner aux Pays-Bas une stature incontournable. Concrètement, cela s’est traduit par de nombreux nouveaux contacts et clients potentiels pour les entreprises et organisations néerlandaises. Nos collègues, qui ont tout donné pendant ces deux semaines, sont fiers des résultats obtenus et gardent un excellent souvenir de l’événement. Le prix du meilleur stand est d’ailleurs placé bien en vue au bureau.